Par André  Soares, Médecin  Directeur, Centre Municipal et Universitaire de Santé Marcel Trigon, Arcueil (94)

Depuis le 11 septembre 2019, le nouveau Centre Municipal et Universitaire de Santé d’Arcueil a ouvert ses portes dans un quartier « politique de la Ville » au 13 avenue du Chaperon Vert.

Ce nouvel équipement aura pour missions de continuer et d’amplifier l’offre de soins et de prévention de proximité, portée par l’ancien centre, au service de tous les patients. Il contribuera à la formation des professionnels de santé et participera à la recherche en soins ambulatoires. Inscrit dans son quartier, il reprendra l’ensemble des activités déjà proposées avec un nombre plus important de cabinets polyvalents et permettra une offre augmentée de consultations. Il contribuera à l’offre de soins sur le territoire avec des possibilités d’adaptation aux besoins de la population en termes de soins de premier recours (médecine générale, soins infirmiers notamment)

Plusieurs spécialités seront renforcées (cardiologie, gynécologie, dermatologie, échographie générale, soins dentaires,…)

Son Centre de Planification et d’Education Familiale proposera une offre complétée d’IVG sous anesthésie locale.

Le « nouveau CMS », plus accessible aux patients souffrant de handicaps comprendra également une salle de prévention et d’éducation thérapeutique (ateliers collectifs, déclinaison locale de campagnes de prévention).

Enfin sa labellisation universitaire renforcera la contribution de ses enseignants à la formation des soignants ainsi qu’à la réalisation de recherches ambulatoires en soins primaires.

Un peu d’histoire

Comme plusieurs autres communes de la banlieue rouge, la Ville d’Arcueil a envisagé depuis les années 1930 l’accès aux soins pour tous comme un axe fort de ses engagements.

La décision de créer un dispensaire municipal a été prise par le Conseil municipal du 21 février 1933. Son ouverture sera effective en 1935 dans les locaux d’une « folie » du XVIIIème siècle situés au 56 de l’actuelle rue du 8 mai 1945. Le 30 janvier 1940, le conseil municipal approuve par délibération la création d’une consultation de l’œuvre de la goutte de lait afin d’apporter une aide aux jeunes mères « nécessiteuses ». Cette œuvre a fait place après la dernière guerre à un centre de PMI toujours en activité.

Le Centre Municipal de Santé d’Arcueil portera alors le nom de Maï Politzer, sage-femme de formation, employée municipale détachée au centre de santé à compter de 1939. Arrêtée le 14 février 1943 avec son époux Georges Politzer, professeur agrégé de philosophie, elle sera déportée en tant que prisonnier politique au camp d’Auschwitz (Pologne) où elle décède en juillet 1943.

Afin d’apporter une meilleure accessibilité aux personnes en situation de handicap, d’augmenter l’offre de soins le projet d’un nouveau centre a abouti  à l’ouverture du Centre Municipal et Universitaire de Santé Marcel Trigon (du nom de son ancien maire durant plus de 30 ans).

Une architecture au service des soins

Le nouveau CMS situé au nord de la commune, possède une surface de 1000 m2 sur deux niveaux (RDC et R+1) d’un immeuble d’habitation de six étages.

Il est doté d’un ascenseur et répond aux normes d’accessibilité en vigueur.

(l’ancien CMS avait une surface de 700m2 sur quatre niveaux sans ascenseur).

On y trouve des espaces dédiés aux soins, aux personnels et à sa gestion.

Espaces dédiés :

• aux soins (16 cabinets polyvalents, 3 salles de soins infirmiers, cabinet psychologue et diététicienne, 3 fauteuils dentaires dont l’un permettra l’implantologie)
• aux explorations médicales (salles échographie, salle radiologie générale, salle mammographie)
• à la prévention : salle de prévention et d’éducation thérapeutique,

Contrairement aux anciens locaux, le nouveau CMS dispose d’espaces pour ses personnels : salle de réunion et de repos, vestiaires, kitchenette. Les bureaux administratifs sont plus grands.

Les espaces d’attente des patients et les circulations ainsi que la salle prévention sont équipés pour permettre la réalisation d’accrochages d’expos et la diffusion de vidéos (expositions d’art, campagnes locales et nationales de prévention).

La bibliothèque médicale sera destinée aux activités hors soins et aux projets de recherche universitaires.

Renforcer l’offre de soins et de prévention

Le CMS « nouveau » permettra de renforcer l’offre de soins et de prévention dans l’ensemble des spécialités qu’il proposait déjà. Il restera un centre polyvalent avec un axe fort de soins de premier recours : Médecine générale et soins infirmiers. Les autres spécialités seront renforcées (cardio, dermato, rhumato, ophtalmo, gynécologie, ORL, psychothérapie de soutien, consultations de diététique,…).

Les soins dentaires seront aussi augmentés : passage de 2 à 3 fauteuils.

L’Imagerie médicale est maintenue. La radio conventionnelle est proposée depuis 2016 en télé-radiologie dans le cadre d’une convention avec le service de radiologie de l’Hôpital Hôtel Dieu de Paris. L’échographie générale, les Echo-doppler artériel et veineux ainsi que la Mammographie sont intégralement réalisés sur place.

Le Centre de Planification et d’Education Familiale intégré complètera son offre par l’accès à l’IVG sous anesthésie locale dans des locaux dédiés conformes aux recommandations.

Les missions déléguées, vaccinations, lutte contre la tuberculose, sont bien sûr maintenues.

Un partenariat avec l’APHP prendra effet à partir de novembre 2019. Il s’agit d’un Poste partagé de médecin généraliste avec le Département de Soins Ambulatoires gériatriques du Centre Hospitalier Charles Foix d’Ivry sur Seine. Le jeune praticien recruté matérialisera une forme de coopération territoriale dans le champ de la prévention et des soins aux personnes âgées. Sécuriser les parcours de soins, animer dans la salle de prévention des ateliers spécifiques (équilibre, alimentation,…) seront des missions que portera plus spécifiquement cette nouvelle collègue.

Les ateliers collectifs d’éducation thérapeutique pourront se déployer également dans cette salle prévention de façon beaucoup plus confortable.

Formation- recherche

Le nouveau CMS va amplifier son implication dans la formation initiale des soignants et dans la recherche.

Accueil d’étudiants en soins infirmiers :

Le centre a une convention avec l’IFSI du Kremlin Bicêtre pour l’accueil de 3 étudiant.e.s par an (principalement en 2^ème et 3^ème année).

Accueil d’étudiants en médecine :

Les cinq médecins généralistes de l’équipe sont Maîtres de Stages des Universités pour l’accueil d’externes et d’internes de Médecine Générale en lien avec deux Universités, Sorbonne Université et Université Paris Sud XI.

Chaque année, ce seront 10 internes et 20 externes accueillis et formés.

Labellisation universitaire

Deux médecins généralistes sont Maitres de conférences associés de Médecine Sorbonne université et accompagnent la labellisation du CMS comme Centre de Santé Universitaire. En portant des projets de recherche de l’université hors les murs, le CMS contribuera à la production de connaissances médicales ambulatoires. Au-delà de la valorisation pour la Ville, cette démarche permet des coopérations élargies avec un réseau de professionnels (communauté de soin) ; c’est un élément fédérateur des équipes autour d’un projet partagé.

• Les projets de recherche pressentis 
• Projet Tabac Stop : (projet en cours de validation) : projet visant à contribuer à la réduction du tabagisme actif dans lequel le médecin propose au patient tabagique d’expérimenter les dispositifs de sevrage (gommes, patch, cigarette électronique,…) et les lui remet gratuitement au cours de consultation.
• Mesure de l’âge pulmonaire : mesure de l’âge pulmonaire en consultation (algorithme à partir d’une épreuve respiratoire de mesure du souffle)
• Thèses d’exercice pour le doctorat de médecine :

1. Médecine narrative comme outil d’Education thérapeutique. A propos du vécu émotionnel des patients diabétiques de type 2 bénéficiaires du programme ETP au centre de santé.
2. typologie des personnes reçues en soins non programmés (précarité ?)

Perspectives 

La polyvalence recherchée du CMS lui permettra de s’adapter aux besoins des populations dans les décennies à venir.

Cependant la désertification médicale sur le territoire risque de rendre les choses difficiles malgré les partenariats, les communautés de soignants, les mutualisations.

Quels soins voulons nous sur les territoires ?