Les 3 et 4 octobre se tiendra la 59ème édition du Congrès National des Centres de Santé.
59 ans et pas une ride ! Bien au contraire, vous le constaterez pendant ces deux journées d’échanges et de débats, le congrès va témoigner de l’extrême vitalité des centres de santé, du dynamisme de leurs équipes, de la pertinence de ces structures au service de la population et de l’intérêt général.
Mais… petit retour en arrière. L’an passé, souvenez-vous, Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé était venue saluer à la tribune du congrès les centres de santé, leurs missions sociales, leur action pour l’accès aux soins, leurs pratiques pluriprofessionnelles et leur place originale dans le paysage sanitaire français. En réponse à nos interrogations, elle avait confirmé leur totale intégration dans la stratégie nationale de santé. Nous avions en retour réaffirmé la détermination des centres de santé et de leurs équipes à participer activement à la mise en œuvre de tous les dispositifs susceptibles d’apporter des réponses concrètes et efficaces aux besoins des usagers.
Une année après, où en sommes-nous ?
Conformément à leurs engagements, les centres de santé sont nombreux à s’être engagés dans les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), participant souvent activement à leur création.
D’autres participent aux expérimentations article 51 porteuses de transformations structurelles et stratégiques pour le système de santé. Je citerai à titre d’exemple le projet EPIDAURE-CDS. Il réunit les équipes de 10 centres de santé qui vont tester un nouveau mode de rémunération forfaitaire en lieu et place de la rémunération à l’acte pour en mesurer les impacts organisationnels, économiques mais aussi en termes de pertinence des soins et de parcours des patients.
Cette année, les centres de santé ont continué à innover. Ils ont pour certains déployé des services d’IVG par aspiration ; d’autres ont intégré dans leurs équipes des infirmières de pratique avancée, démontrant le bénéfice de leurs interventions dans le suivi des patients chroniques et/ou fragiles. Les centres ont aussi poursuivi et renforcé leurs partenariats avec les établissements de santé, créé avec succès des postes d’assistants partagés ville-hôpital et des postes de médecins généralistes dans les territoires sous-dotés répondant, nombreux, à l’appel à candidatures du dispositif « 400 Médecins Généralistes » du plan Masanté2022.
Enfin cette année encore, des centres de santé ont été créés dans toutes les régions de France démontrant, s’il en était encore besoin, leur capacité à apporter les bonnes réponses aux attentes de la population sans oublier de prendre en compte les – légitimes – aspirations des professionnels de santé.
Pendant ce temps, les annonces gouvernementales sur la santé se sont succédées avec pour point d’orgue l’adoption cet été de la loi relative à l’organisation et à la transformation de notre système de santé. Le programme annoncé était ambitieux. Mais que dire sinon que la loi suscite à sa lecture, plus d’interrogations qu’elle n’apporte de réponses…
Pendant ce temps, personne ne l’a oublié, un mouvement social inédit par son ampleur, sa forme et sa durée secouait la France. Et quand la Santé s’est invitée dans le Grand Débat organisé par le Président en réponse à ce mouvement, le résultat fut, sans surprise pour nous, un appel massif pour un renforcement et un développement des services publics de santé. Ce résultat prend aujourd’hui une résonance prophétique alors que la crise touche de plein fouet l’hôpital et les urgences.
Alors, au-delà des moyens supplémentaires qu’il est indispensable de donner sans délai aux acteurs, urgences, hôpitaux et professionnels de santé de ville, sous peine de voir s’effondrer un peu plus le système de santé français, n’est-il pas enfin temps de créer le cadre qui définisse, dans chaque territoire, les missions mais aussi les obligations des acteurs de santé, qui leur alloue les ressources nécessaires et donne toute leur place aux élus locaux et aux usagers ? Les CPTS qui restent soumises aux aléas des négociations conventionnelles, et les projets territoriaux de santé (PTS) ne suffiront pas sans un tel cadre. Ce cadre ne peut être que le service public de santé de proximité.
Le service public de santé de proximité, nous l’appelions de nos vœux l’an passé, ici même à ce congrès. Il en était le thème titre. Je citerai Madame la Ministre qui à la tribune déclarait : « Le thème que vous avez choisi de traiter cette année me tient particulièrement à cœur et vous savez combien le Président de la République et le Gouvernement sont sensibles et attentifs à l’enjeu majeur que représente un service public de santé de proximité, adapté aux besoins de notre temps. »
Alors chiche, Monsieur le Président, Madame la Ministre, si vous le créiez enfin, le service public territorial de santé ? Il est temps que tous les acteurs de la santé, professionnels de santé libéraux et salariés, établissements de santé, établissements médico-sociaux, centres de santé, s’engagent enfin PLEINEMENT, au service de la population et de l’intérêt général, afin de garantir l’accès aux soins et à la prévention à tous et dans tous les territoires. Il y a urgence, état d’urgence pour les services publics de santé et urgence à créer un service public territorial de santé de proximité qui responsabilise tous les acteurs et redonne du sens à leurs missions.
Vous le savez, les centres de santé, par leurs missions (tiers payant, respect des tarifs opposables, santé publique) et leurs pratiques sociales en équipe pluriprofessionnelle coordonnée, sont prêts à assurer ce service public territorial de santé. Mieux, ils sont prêts à en être les têtes de pont, celles d’un système de santé rénové plus efficace et plus solidaire qui replace le patient, l’usager, au cœur des dispositifs.
Alors, pour débattre mais aussi partager, pour alimenter nos réflexions et nos plaidoyers pour un système de santé refondé, j’invite tous les acteurs de la santé, professionnels, élus, représentants des institutions et usagers, à nous rejoindre à cette 59 ème édition du Congrès National des Centres de Santé.
A très bientôt !
Eric May
Président du Congrès et de l’USMCS