Monsieur le Président, cher Frédéric Villebrun,
Mesdames et Messieurs,
Merci de m’accueillir à une heure si matinale pour vous dire quelques mots avant votre 2ème journée du 62ème congrès national des centres de santé.
Depuis longtemps, et mieux que personne, vous savez que l’exercice coordonné, telle qu’il est pratiqué dans les centres de santé, est une réponse au GRAND défi que représente l’accès aux soins. C’est bien entendu une priorité de notre action et je suis profondément convaincue que vous faites partie de la réponse à cette urgence.
Votre place et votre contribution essentielle à notre système de santé n’est plus à prouver.
Les difficultés d’accès aux soins sont aujourd’hui une réalité sur une large partie de notre pays. Pour beaucoup de nos concitoyens, les centres de santé, qu’ils soient urbains, ruraux ou encore dans les quartiers prioritaires de ville, sont devenus de véritables repères, des lieux qui leur permettent d’accéder facilement à des parcours de soins.
Plus que jamais, il faut « jouer collectif ». Ville/Hôpital, public/privé, médecins et autres professionnels de santé… La solution passera par NECESSAIREMENT par une plus grande COOPERATION. Vous le savez, nous le savons, c’est une aujourd’hui un constat largement partagé. La refondation de notre système de santé passe ainsi par l’amplification de toutes les structures d’exercice collectif et coordonné, au premier rang desquelles les centres de santé, où vous avez choisi de pratiquer.
Le modèle collectif des centres de santé s’inscrit dans le sens de l’histoire également car il répond aux mutations sociétales à l’œuvre chez les professionnels de santé, en particulier les plus jeunes. Malgré des difficultés, les filières de formation aux études médicales et paramédicales restent parmi les plus recherchées. Nous devons en être fiers ! Oui, nos métiers, vos métiers ont une place particulière dans notre société. Ils sont porteurs de sens et constitue de véritables métiers d’avenir.
Pour autant, les nouveaux professionnels n’entendent plus exercer comme autrefois. Les jeunes diplômés veulent diversifier leurs voies de sortie, choisir leur poste en fonction du cadre de travail, de la qualité de de la relation entre collègues, de l’opportunité de participer à des projets communs. Ce constat ne se limite d’ailleurs pas aux jeunes. De nombreux professionnels que je rencontre me font part de cette volonté, y compris certains qui exercent depuis longtemps !
Cette recherche de qualité de vie et de qualité d’exercice est un fait sociétal qui dépasse largement le champ de la santé. Notre système doit être capable d’y apporter des réponses. En ce sens, le modèle des centres de santé est un succès ! Vous répondez à la fois à l’aspiration d’exercice collectif des professionnels de santé et au besoin d’adaptation géographique de l’accès aux soins, dans une approche populationnelle de long terme.
Les centres de santé sont aussi un bel outil pour accompagner la transformation et la montée en compétences des différents professionnels de santé et de les intégrer efficacement au collectif de soins. Et je connais votre implication sur ce sujet. Je vous en remercie.
Par ailleurs, je vous partage une de mes points d’attention concernant les centres de santé : leur pérennité financière. Au cours de mes déplacements, j’ai vu au moins 6 modèles différents de centres de santé, chacun a ses avantages, chacun a ses défauts, chacun a son modèle économique !
C’est pourquoi j’ai lancé au printemps dernier une mission IGAS sur le modèle économique des centres de santé (CDS) pluriprofessionnels. J’attends son retour d’ici la fin de l’année.
En effet, ce sujet du modèle économique constitue l’un des freins à votre développement. Et surtout un centre de santé qui ferme, c’est de nombreux patients qui se retrouvent sans professionnels de santé, et des professionnels de santé qui n’ont pas envie d’arrêter !
J’espère sincèrement que la collaboration des centres de santé auditionnés par les inspecteurs permettra une analyse solide et construite et nous donnera des pistes pour vous aider.
Ainsi, pour le début de l’année 2024, je proposerai un plan visant à développer les centres de santé. Plan que nous travaillerons bien sûr avec vous ! Ce plan s’appuiera non seulement sur les propositions de l’IGAS mais il pourra également transposer certaines mesures du plan 4000 MSP que j’ai présenté à l’été. En particulier, sur la question des étudiants et de leur découverte de l’exercice pluriprofessionnel. Les centres de santé joue déjà un rôle important, nous pouvons certainement aller plus loin. Je suis certaine que les échanges que nous aurons avec vous nous permettront de nourrir ce plan !
Je voudrais ensuite m’arrêter quelques instants sur le plan pour la sécurité des soignants que j’ai présenté la semaine dernière.
Alors que nous devrions consacrer toute notre énergie collective à la transformation de notre système, nous sommes trop souvent confrontés à des situations d’agressions verbales ou physiques des soignants.
Ce plan est inédit. Il est le reflet de notre volonté d’afficher une tolérance zéro vis-à-vis des violences :
Cette fermeté n’est pas qu’un slogan puisque nous créons un délit d’outrage à professionnel de santé, pour que le professionnel en cabinet ou qui réalise des consultations à domicile soit protégé de la même manière que le sont tous les agents publics.
Les centres de santé sont un élément moteur incontestable des évolutions des pratiques et des innovations en santé.
Mesdames, Messieurs, je vous redis ma gratitude pour votre engagement au quotidien, pour ce que vous avez fait pendant la crise sanitaire et pour ce que vous ferez encore demain, au service de la santé de nos concitoyens.
Je vous remercie.