Introduction Cécile Courrèges – 58eme Congrès des centres de santé
Monsieur le Président de l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé,
Madame la Présidente de la fédération nationale des centres de santé,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d’être aujourd’hui à nouveau parmi vous pour ouvrir le 58eme congrès des centres de santé.
Trois semaines se sont écoulées depuis la présentation de la Stratégie de transformation du système de santé par le Président de la République et par la Ministre.
Des mesures fortes ont été annoncées pour le travail en équipe, l’organisation territoriale des soins, la prévention ou encore l’accompagnement des parcours des patients, soit autant de thématiques que vous avez choisi de placer au coeur de vos réflexions pendant ces deux journées. Votre thème « pour un service public de proximité » vient également interroger ce qui est à la fois le fil rouge, la priorité et le principal défi de cette Stratégie de transformation du système de santé : le développement et la meilleure organisation des soins de proximité.
A ce titre les différentes tables rondes de ces deux jours avec la diversité des points de vue qui s’exprimeront constitueront un apport et enrichiront nécessairement le débat sur des sujets que nous pouvons encore largement alimenter et co construire.
De fait ces annonces et cette ambition pour les soins de proximité vont mettre en lumière le rôle des centres de santé et vous donner une mission particulière dans la mise en oeuvre de cette STSS. J’y reviendrai et vous aurez l’occasion d’entendre la Ministre demain à ce sujet.
Je veux tout d’abord souligner avec vous l’importance des centres de santé. Aujourd’hui nous pouvons dénombrer plus de 2000 centres sur tout le territoire. 2000 centres qui emploient plus de 30 000 professionnels. Vos activités connaissent une forte dynamique avec la création de nombreux centres ces dernières années. Vous représentez aujourd’hui un maillon incontournable de l’offre de soins dans de nombreux territoires et votre mode d’exercice et d’organisation permet de répondre à plusieurs objectifs de santé publique :
De façon plus globale, par-delà la dimension financière du problème, les Centres de santé représentent une des modalités de réponse au défi de l’accès aux soins dans les territoires. Ce défi qui chaque jour se pose à nous de manière plus aiguë.
Le maintien d’une offre de proximité sur l’ensemble du territoire est un enjeu majeur pour les prochaines années. Actuellement 8,5% de la population réside dans une commune considérée comme sous-dense selon les indicateurs de la DREES, et l’accès territorial aux soins devient un sujet de préoccupation majeur pour nos concitoyens comme pour les élus locaux.
La création de centres de santé est une des solutions pertinentes pour réimplanter une offre de soins dans les territoires à la démographie médicale fragile, qu’il s’agisse des quartiers urbains sensibles ou de territoires ruraux en perte d’attractivité.
L’ordonnance de janvier 2018, en autorisant la création d’antennes de centres de santé déjà existants, est venue renforcer leur place dans l’offre de soins de proximité à destinations des territoires les plus fragiles ou isolés. Désormais les gestionnaires qui le souhaitent ont la possibilité d’ouvrir des consultations médicales « avancées » dans les territoires qui le nécessitent.
Les centres de santé sont enfin un facteur d’attractivité pour attirer des professionnels de santé et notamment des médecins. En effet, force est de constater que les nouvelles générations de médecins sont de plus en plus en recherche d’un exercice professionnel recentré sur les activités de soins, et d’un meilleur équilibre entre leur vie privée et leur engagement professionnel. Les postes de salariés peuvent répondre à ces exigences et permettent d’attirer des médecins dans des territoires en difficulté.
L’attractivité des centres de santé et de vos territoires passent aussi par le rôle accru que vous devez jouer en matière de formation des jeunes professionnels. A ce titre la création du statut de collaborateur occasionnel du service public permet désormais de rémunérer les médecins en centre de santé qui s’engagent dans la maîtrise de stage, ce qui garantit une forme d’équité avec vos collègues médecins libéraux.
Les centres de santé sont résolument engagés dans ces différentes dynamiques. Au titre de 2017, la rémunération forfaitaire s’élève à 43,5 M€, soit 40% de plus qu’en 2016, traduisant pour partie une progression dans l’atteinte des objectifs fixés en matière d’accessibilité des soins, de coordination ou de développement des systèmes d’information. Par ailleurs, le nombre de projets déposés par des Centres de santé dans le cadre de l’article 51 témoigne une nouvelle fois de votre capacité d’innovation.
L’engagement des centres de santé, votre engagement à tous, c’est également concrétisé par le soutien que vous avez apporté au plan d’égal accès aux soins. La FNCS a signé en février une charte d’engagement avec la Ministre de la Santé et des Solidarités. La signature de cette charte symbolise votre soutien à la politique pour l’accès aux soins et vient réaffirmer votre implication dans la mise en oeuvre du plan et sa déclinaison dans les territoires.
Parmi les réalisations concrètes de ce plan, plusieurs ARS ont choisi de mettre en place de nouveaux outils de soutien spécifiquement dédiés aux centres de santé, qu’il s’agisse d’encourager financièrement la médicalisation des centres de santé infirmiers ou d’attribuer par appels à projets des crédits d’aide au démarrage.
La Ministre a voulu que ce plan d’accès aux soins soit évolutif. Une deuxième version du plan est d’ores-et-déjà prévue. Cette deuxième version devra se nourrir des dispositifs et des projets qui ont fait leurs preuves dans les territoires. A ce titre continuez à nous faire remonter vos propositions, ainsi qu’à vos ARS.
Vous l’aurez compris, mon message est clair et simple : nous entendons continuer à soutenir le développement des centres de santé et à vous donner un rôle reconnu dans l’organisation territoriale des soins. Pour cela nous devons prendre en compte vos spécificités dans les politiques qui sont mises en oeuvre.
Depuis 2015 l’accord national des centres de santé, qui a été signé avec la CNAM, valorise les spécificités de vos structures que ce soit en matière d’accès aux soins, de travail en équipe, de qualité des pratiques coordonnées ou d’accompagnement de publics vulnérables. Ce cadre conventionnel a également amélioré le financement de vos centres et réduit les risques financiers pour les gestionnaires. Il transpose également aux centres de santé les rémunérations et majorations attribuées aux professionnels de santé libéraux, ce qui était une attente majeure et légitime du secteur.
En début d’année, l’ordonnance relative à la réglementation des centres de santé est venue réaffirmer et conforter les principes fondateurs du modèle : le principe du salariat, des tarifs encadrés, de la non-discrimination et de la gestion non lucrative. En guise de pédagogie la DGOS a publié un guide pour faciliter la bonne appropriation sur le terrain, par les ARS comme par les gestionnaires. Cet accompagnement et cette prise en compte de la spécificité de vos missions et de votre fonctionnement devront se poursuivre dans le cadre de la STSS.
Je ne vais pas aujourd’hui entrer dans le détail des mesures et objectifs de la STSS, la Ministre vous en parlera demain matin. Mais je veux vous dire que les centres de santé ont leur rôle à jouer dans cette stratégie. Les enjeux d’accessibilité et de qualité des soins sont au coeur de vos projets. Le travail en équipe pluri professionnelle ou le lien entre la ville et l’hôpital sont naturels pour vous.
Concrètement nous devrons penser l’articulation et la complémentarité entre vos structures et les Communautés Professionnelles Territoriales en Santé, qui seront les espaces de coordination des professionnels de ville au niveau territorial. Nous devrons également imaginer les nouvelles modalités pour créer des synergies avec les hôpitaux de proximité. Vous aurez votre place aussi dans le déploiement de la mesure annoncée par le Président de la République de 400 médecins généralistes à exercice partagé Ville/hôpital supplémentaires dans les territoires les plus fragiles. Nous devrons enfin voir comment adapter le modèle des assistants médicaux à vos spécificités et mieux vous accompagner pour développer vos outils numériques. Ce travail nous devrons le mener avec vous et vos représentants. Ce sera le cas au niveau national, notamment au sein du groupe de concertation des centres de santé, mais aussi dans tous les territoires, en lien avec vos ARS.
Mesdames, Messieurs, pour conclure je veux partager avec vous ma conviction que nous avons une occasion unique d’organiser différemment les soins de proximité. De les organiser différemment pour enfin répondre durablement aux problématiques auxquelles est confronté notre système de santé. Nous avons l’occasion de relever les défis de l’accessibilité et de la qualité des soins, celui de la réponse aux soins non programmés, du développement de la prévention, celui du travail pluri-professionnel en équipe et celui du renforcement des liens entre la ville et l’hôpital. Ces objectifs nous les atteindrons par un travail collectif entre tous les acteurs et en adaptant les projets aux besoins de la population dans les territoires. Je souhaite que vous soyez en première ligne de ce travail et que vos deux journées de débats et de réflexion viennent nourrir vos futurs projets.
Je vous remercie et vous souhaite un excellent congrès.