Que sera cette nouvelle année pour les centres de santé ? Apportera t elle enfin les réponses que nous attendons tous, par exemple : le financement pérenne et suffisant des missions sociales des centres et de l’exercice coordonné de leurs équipes ; la reconnaissance du statut salarié des médecins maitres de stages universitaires des centres de santé, indispensable pour généraliser dans toutes les structures la formation médicale initiale des étudiants en médecine ; le soutien logistique et financier des institutions et en particulier des ARS aux projets de création de centres de santé, au moins au même niveau que pour les maisons de santé libérales… ?
C’est tout ce que nous espérons pour les centres, pour leurs équipes, pour leurs usagers et pour tous ceux qui, élus, citoyens, femmes et hommes, portent aujourd’hui des projets de création de centres de santé dans leur quartier, leur commune, leur territoire. Ils n’ont jamais été aussi nombreux : en Vendée, en Sarthe, dans le Loiret, dans les Bouches du Rhône, en région Rhône Alpes, en Franche Comté, en Martinique… Dans les villes et les villages, en zone urbaine, rurale et péri urbaine, les projets de centres de santé fleurissent, pertinents, en cohérence avec les besoins des populations, les aspirations des soignants. Et à quelques semaines des élections municipales, alors que la santé est apparue dans les débats comme un enjeu majeur pour les citoyens, de nombreuses listes ont inscrit la création d’un centre de santé au coeur de leur programme.
Alors, 2014, la bonne année pour les centres de santé ?
Rien n’est moins sur.
L’année 2013 nous a en effet laissé un gout d’inachevé. Après une année rythmée par les très nombreuses concertations entre les organisations des centres de santé dont l’Union Syndicale et les services du Ministère de la Santé, après la parution en juillet du rapport de l’IGAS dont les 20 très concrètes et réalisables préconisations ont fait l’unanimité, après l’espoir soulevé par le discours de Madame Marisol Touraine au Congrès National des Centres de Santé le 3 octobre dernier, nous devons constater qu’aujourd’hui, rien n’a changé. Aucun acte décisif, aucune mise en oeuvre majeure des préconisations de l’IGAS (par exemple, la création d’un financement complémentaire des structures sur la base d’un forfait de gestion), n’a suivi ce flot de bonnes paroles et cet affichage de bonnes intentions. Et pendant ce temps, la CNAMTS poursuit sa politique de l’autruche renvoyant toujours à plus tard toute renégociation de l’Accord National, la convention des centres de santé qui n’a pas évolué depuis… 2003 ! Nos légitimes aspirations auraient pu trouver un écho dans la Stratégie Nationale de Santé. Souvenez vous, après les diagnostics du rapport Cordier que nous avons partagés et salués, les mots de la Ministre étaient forts : réinscrire la prévention au coeur de la politique de santé et de l’organisation de l’offre de santé, mettre en oeuvre la révolution des soins primaires en développant les nouvelles formes d’exercice, regroupées et coordonnées, favoriser l’accessibilité sociale en généralisant le tiers payant pour le premier recours, créer un service public territorial de santé articulant acteurs de santé d’un territoire dans le cadre d’une médecine de parcours, et enfin donner corps et réalité à la démocratie sanitaire…
Que dire sinon que ces belles intentions ont fait long feu :
La Stratégie Nationale de Santé ne serait donc qu’un rideau de fumée qui tente de masquer l’indigence de la politique de santé du gouvernement, l’absence de réponses pertinentes aux enjeux (déserts médicaux, maladies chroniques et polypathologies, inégalités sociales de santé, formation des soignants…) ? Un leurre qui voudrait nous faire oublier que se poursuit, sans état d’âme, la mise en oeuvre de la loi Hôpital Patients Santé et Territoires de l’ère Sarkozy qui a pour conséquence le démantèlement des services publics de santé, à l’exemple de la fermeture de l’Hôtel Dieu et de bien d’autres hôpitaux publics en France ?
Allez, accordons à Madame Touraine et au gouvernement le bénéfice du doute. Mais tout reste à faire.
Alors, Madame la Ministre, mettez enfin en oeuvre dès 2014 une vraie Stratégie Nationale de Santé, un plan de Sauvetage National de la Santé avant que ce ne soit le « sauve qui peut » pour les populations et les professionnels de santé !
Monsieur Ayrault, Madame Touraine, tenez enfin vos engagements ! Et n’oubliez pas, comme tous ceux qui vous ont précédé l’ont fait, les centres de santé ! Faites appliquer les préconisations de l’IGAS !
Oui, tout reste à faire et le temps est compté.
Eric May Président