De l’aveu même de Monsieur Becker, nouveau Président du GCM (on n’oubliera pas de sitôt sa merveilleuse prestation télévisée sur LCM), au cours d’une réunion interne, la « reprise d’activité de médecine générale dans les centres de santé du département n’est pas probante « .
Conformément à une tradition historique éprouvée de l’entreprise mutualiste, la communication est triomphante, même dans les déconfitures les plus évidentes.
Les effectifs de médecins généralistes recrutés et effectivement présents, allégués par la Direction relève de la méthode Coué. Les usagers et les élus comprendront de quoi nous parlons quand Port de Bouc, Gardanne, Martigues, Miramas, Berre, Paul Paret, affichent un nombre de praticiens toujours inférieurs aux effectifs antérieurs aux licenciements. Et pourtant les nouveaux contrats proposés sont tellement attirant pour les médecins…
Comme le déclare avec une touchante naïveté Monsieur Becker dans son entretien télévisé du 28/10/2013 sur LCM : » … C’est comme la médecine libérale mais nous on s’occupe de tout… »
Dans cette même interview mémorable, il fait une allusion sibylline au rôle mystérieux de banderoles pour expliquer le flop du recrutement et l’effondrement de l’activité… le GCM aurait il survécu à une pratique vaudou ? Il nous en dira plus lors de ses prochains points de presse. Il terminait ce jour là en précisant qu’il était prêt à « faire grève dans la rue » pour demander des moyens à l’état… peut être pour un nouveau plan social ?
Pourtant une partie de l’opinion semble satisfaite, ou au moins silencieuse : les apparences sont lénifiantes : 800 emplois maintenus à ce jour et le tiers payant maintenu sauf que la crise du recrutement des médecins généralistes en réduit singulièrement l’impact sur les populations défavorisées : le TP sans médecins ressemble à un général sans armée.
La question des contenus de la pratique sanitaire est essentielle mais ne déclenche pas le même intérêt que l’emploi ou l’accès au soins par le tiers payant. C’est pourtant ces contenus qui départagent des projets de médecine à deux vitesses et les projets réellement novateurs, sociaux et centrés sur l’intérêt des populations , par la qualité des prestations aux quelles elles ont accès , quelque soit leur situation sociale et leur niveau de revenus.
Le GCM, et quelques autres , dont l’ARS ( cela est flagrant dans l’affaire du CS de Port de Bouc) font sagement l’impasse sur la casse et la disparition effective de la médecine sociale et de ses contenus sanitaires : équipe, qualité, globalité , articulation avec le social, priorisation des facteurs de risques , rationalisation des protocoles de soins et de prise en charge.
Partout où ils l’ont pu , ils ont réfléchi et conçu des solutions associant la pérennité des contenus sanitaires et des objectifs sociaux qu’ils ont portés depuis plusieurs décennies.
Les centres de santé, les vrais , ceux qui allient objectifs sociaux pour lutter contre les inégalités en matière de santé et des pratiques sanitaires innovantes, décloisonnées, inscrites dans les besoins des populations et des territoires où elles vivent, sont possibles.
Une subvention ne suffit pas à masquer la vacuité du projet sanitaire. La sectorisation géographique interne au GCM, n’a rien à voir avec le maillage territorial démocratique.
Un projet de Centre de santé à portage hospitalier et participation de la municipalité de Port de Bouc et de l’agglomération de Martigues , Port de Bouc, Saint mitre les Remparts, a été négocié et écrit avec l’engagement de médecins licenciés du GCM et de jeunes médecins. La date d’ouverture était fixée et on choisissait la couleur des stores. L’intervention du GCM et la position ambiguë de l’ARS, tutelle de l’hôpital, ont tout remis en question sur le principe qu’il existait déjà un CS mutualiste à PDB , qui aurait reçu des assurances de subvention régionale et départementale. Ce même centre qui propose 1,5 poste ETP de médecine générale en lieu et place des 4 praticiens qui exerçaient il y a 1 an !
Cet épisode traduit la situation de rente du GCM qui au nom des emplois, compromet l’accès d’une population en grande précarité à des soins de qualité. Elle met en évidence l’intérêt que l’ARS porte aux comptes de l’état et la gestion des deniers des collectivités, et au bout du compte le désintérêt pour le sort sanitaire des populations. A cette occasion un axe Ministère/ Mutualité /GCM /ARS s’est manifesté.
Naguère, certains ont dénoncé , de façon inacceptable, les médecins mutualistes licenciés « porteurs de projets destructeurs » ( on appréciera qui a détruit quoi…) au motif qu’ils aspiraient à participer à la création de structures de nouvelle génération. Le GCM n’a pas le monopole de la gestion ( combien contestée !) des centres de santé.
Les médecins volontaristes continueront, quelque obstacle ou manœuvre qui leur seront opposées, à agir et construire dans le cadre de leur compétence.
La peur de voir compromises des subventions ou des recapitalisations pour le GCM ne devrait pas interférer avec l’intérêt général et celui des populations
La loi a des intermittences du cœur ; « ils ont dit la vérité, ils seront exécutés, pardon licenciés… ils ont dit la vérité, ils ne seront pas payés… comme le suggère la chanson.
Et si après le Mariage pour tous, on inscrivait au programme la Loi pour tous…
Les médecins attendent avec impatience et détermination le 31/01/2014… Monsieur Verdeau (Directeur général du GCM) et Maître Douhaire (administrateur judiciaire), impatients qu’ils sont eux aussi de respecter leurs engagements : verser avec la parcimonie vertueuse qu’on leur connaît , et le sens du châtiment, le cinquième de leur dette au médecins licenciés, qui continuent ainsi à méditer sur la nature de leurs méfaits et leur moralité vacillante (dixit un avocat délicat lors d’une audience de justice portant sur le versement des indemnités ).
Dr Gérard ISRAEL