Décembre 2012 … Novembre 2018 : d’un plan de redressement à l’autre, on est en mesure six ans après de constater que le GCM et ceux qui ont soutenu les décisions de ses dirigeants ont fait fausse route et se sont trompés.
ILS AVAIENT TOUT FAUX SUR LE PLAN DE REDRESSEMENT….
Le plan de redressement appliqué dès 2012, qui prétendait assainir la situation financière du GCM, en stigmatisant les médecins généralistes qui exerçaient dans les centres de santé mutualistes des Bouches du Rhône, en leur imposant la rémunération à l’acte, a montré son inefficacité et son incapacité à dépasser contradictions et difficultés.
La collusion entre Direction du GCM et mouvement mutualiste national (Mutualité française et Fédération des Mutuelles de France) était patente : se débarrasser de la médecine sociale dans les centres de santé et des médecins qui l’avait théorisée, appliquée et défendue. Le lâchage syndical des cadres et employés, la pusillanimité des élus politiques et de l’ARS ont fait le reste.
La crise de 2018 et la mise en liquidation judiciaire prononcée le 30/10/2018 par le TGI de Marseille mettent en lumière de façon cruelle l’incompréhension des enjeux de 2012 par le GCM, les bévues de gestion soulignées alors ( dette de 16 millions d’EUROS non récupérée), la conviction absurde que les médecins se soumettraient et signeraient le nouveau contrat proposé qui liquidait la médecine d’équipe et la cohérence des Centres de santé , la certitude que le recrutement de médecins généralistes avec un contrat sous rémunéré ne rencontrerait aucun obstacle.
Ils avaient tout faux sur ces aspects conjoncturels et tactiques.
La mobilisation autour du GCM, a conduit tutelles et politiques à multiplier les subventions publiques régionales, départementales , municipales, au renoncement par l’Etat de la dette sociale) pour contribuer à combler le trou financier . Alors même que les missions sanitaires des Centres de santé étaient de moins en moins assumées, en raison du licenciement des généralistes et de l’insuffisance du recrutement, une pluie de financements tenaient en survie artificielle le GCM.
Le scénario catastrophe que les médecins n’ont cessé de dénoncer pendant les deux années de crise, s’est avéré réel après 6 années où le GCM a subsisté grâce aux aides publiques.
Aujourd’hui les salariés de l’entreprise, toujours plus menacés dans leur emploi , et les usagers du réseau mutualiste , ce qu’il en reste, doivent affronter la mémoire courte de ceux qui apparaissent comme repreneurs potentiels et continuent de colporter la fable de la responsabilité des médecins qu’ils ont licenciés ( voir le document de présentation de reprise par Mutuelles de France Réseau santé , 1.3.1 page 10 : « .. la mise en oeuvre du plan de redressement s’est heurté en 2013 au départ d’une grande partie des praticiens de médecine générale qui n’ont pas accepté la modification de leur contrat de travail pour passer d’une rémunération forfaitaire à une rémunération à l’acte. Ces départs ont entrainé une profonde désorganisation du GCM ainsi qu’un surcoût lié à ces ruptures de contrat de travail ». Cette prose qui entretient la fable du départ sans mentionner la réalité du licenciement est un modèle de cynisme à usage interne, et de détournement de la réalité à usage externe.
Existerait- il par hasard un lien entre GCM et Réseau Santé des Mutuelles de France ? ….
ILS AVAIENT TOUT FAUX SUR LE PLAN STRATEGIQUE…
Les décisions mises en œuvre par le GCM résultent d’erreurs stratégiques.
Alors que la crise démographique médicale et la désertification médicale se développaient dans les zones socialement défavorisées où étaient implantées les centres de santé mutualistes ( Port de Bouc et le CS Paul Paret dans les Quartiers Nord de Marseille en sont les exemples les plus frappant), le GCM a décidé de licencier une quarantaine de médecins. On peut imaginer la force et le poids de ce réseau et son importance sanitaire s’ils n’avaient pas été licenciés . Alors que l’ARS appelait à créer des Centres de santé dans notre région, le GCM infligeait à la population la disparition de leurs médecins traitants et la déliquescence des centres de santé.
C’est à ce moment que le GCM a décidé de les démanteler en brisant les équipes, en licenciant les médecins généralistes, en démantelant la pluridisciplinarité.
Bien joué !!
Pour information ironique, c’est l’URPS médecins libéraux /PACA grande pourfendeuse, naguère de l’exercice salarial et de la médecine d’équipe, qui a adressé ces derniers jours aux médecins des Bouches du Rhône une plaquette luxueuse consacré à l’exercice regroupé et aux procédures de création de centres de santé.
Pour information non ironique et sérieuse, voir le discours de Madame la Ministre de la santé aux Congres des centres de santé en Octobre 2018. Tout concourt à renforcer le rôle des centres de santé. A condition d’accepter de travailler avec des médecins !
C’est ce qui fut fait lors de la création du centre de santé que les médecins licenciés ont contribué à initier ou créer, avec portage hospitalier, dans les quartiers Nord (centre André Roussin) et à Port de Bouc (centre de consultation de Médecine générale la Respelido à Port de Bouc ). Ils vont bien, merci.
Ses dirigeants ont encore une fois eu tout faux. Les usagers ont parfaitement compris que la nature de l’offre sanitaire à laquelle ils avaient adhéré et qui conditionnait la fréquentation des centres de santé mutualistes, n’était pas liée au patrimoine foncier ou on ne sait quelle omniscience de la Mutualité dans le domaine sanitaire, mais à la pratique médicale en équipe globale et sociale que les médecins qui s’étaient engagés sur ces bases, mettaient en œuvre au quotidien.
Les patients mutualistes ont suivi en masse leurs médecins généralistes. L’urgence et parfois la précarité matérielle des débuts ne les découragèrent pas. Aujourd’hui de nouvelles générations de patients fréquentent ces structures à Berre, Gardanne, Miramas, Martigues.
Les médecins licenciés du GCM en 2012, restent solidaires des salariés de cette entreprise.
Qui pourra faire évoluer les directions de l’entreprise reprise vers un projet cohérent et répondant aux besoins locaux ?
La médecine sociale, la médecine d’équipe restent aux centres des projets susceptibles de répondre aux difficultés de la population dans le domaine de l’accès aux soins, du maillage territorial.
Elles peuvent répondre aux besoins des médecins en terme d’organisation et de professionnalité dans des zones désertifiées .
Elles ont d’ores et déjà apporté des réponses en termes de rationalisation des procédures médicales, de maîtrise des coûts et de lutte contre les inégalités, selon les territoires et leurs caractéristiques sociales, quelle que soient les positionnements politiques ou idéologiques des gestionnaires, les préférences libérales ou salariées des médecins.
Les difficultés financières ne sont pas une fatalité. Encore faut il préciser qui doit payer quoi.
La situation de 2012 appelait des solutions imaginatives qui remettent les Centres de santé mutualistes en situation de répondre aux besoins. La question du financement des centres et de leur statut étaient centraux . Elle le reste. Elle n’a pas semble-t-il, reçu de réponse pertinente. Des solutions alternatives pour préserver le lien entre équipes médicales, Mutualité et usagers furent envisagées par les équipes médicales. Elles restèrent théoriques, la Direction d’alors préférant passer en force.
Ce qui doit importer, et l’expérience des médecins licenciés le prouve, ce n’est pas le statut salarial ou libéral des professionnels, les a priori idéologiques des gestionnaires ou des tutelles, mais le contrat moral et le projet sanitaire que l’on développe au bénéfice des usagers et des citoyens, avec le projet économique adéquat, et les financeurs légitimes et responsables.