64 eme Congrès National des Centres de Santé, Prix Jean-François Rey : discours et remerciement Alexia Decouis, administratrice à AIDES
Le prix Jean-François Rey est attribué tous les ans depuis 2009, individuellement ou collectivement à toutes les personnes, structures, associations et collectifs ayant engagé ou promu une ou des actions innovantes en santé, en faveur de l’accès aux soins et à la santé de la population ou encore, de l’amélioration des pratiques professionnelles et de la qualité des soins.
Le jury l’a attribué cette année à deux lauréats, l’association AIDES et le Collectif des Soignant-e-s pour leurs actions en faveur de la défense de l’AME et contre les tentatives répétées de restriction d’accès à ce dispositif essentiel pour tant de patient-e-s.
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Alexia Decouis, administratrice à AIDES
Jeudi 9 octobre 2025 à 12h
64ème Congrès national des centres de santé
Merci, merci pour ce prix au nom des militants-es de AIDES.
Merci au comité d’organisation du Congrès national des centres de santé au nom de Camille Spire, notre présidente que je représente aujourd’hui.
A ma connaissance, et je suis une militante de AIDES depuis plus de 20 ans, c’est la première fois que nous recevons un prix pour l’un de nos plaidoyers. C’est la première fois alors que depuis sa création en 1984 AIDES œuvre à la transformation sociale et plaide au bénéfice des personnes vivant avec le VIH et des personnes vulnérables à ce virus.
C’est une grande joie et ce prix est une reconnaissance pour l’engagement des militants-es de AIDES dans la défense du droit à la santé des étranger-ères, et pour un égal accès aux soins pour toutes et tous.
L’accès aux soins de personnes étrangères est un plaidoyer fort de AIDES. Les épidémies de VIH-sida et des hépatites virales prospèrent dans les contextes de vulnérabilité.
En 2023 plus de la moitié des découvertes de séropositivité en France concernaient des personnes nées à l’étranger. Parmi elles, on estime que 42% ont été contaminées par le VIH après leur arrivée en France.
Il est donc essentiel pour nous de se mobiliser face aux menaces qui pèsent de manière récurrente sur ce dispositif de l’AME mais aussi pour le droit au séjour pour soins.
Nous disposons de tous les outils pour mettre fin à l’épidémie VIH, nous permettant d’atteindre la fin des transmissions comme enjeu de santé publique à Horizon 2030.
Nous ne parviendrons pas à impacter l’épidémie à VIH en France, si les droits à la santé et aux soins des personnes étrangères reculent.
AIDES a ouvert plusieurs centres de santé depuis 2016.
Dans nos CSMSS de Marseille et de Montpellier, la file active est composée de 3800 personnes issues des publics les plus exposés au VIH.
Celles-ci bénéficient d’une prise en charge médicale articulée avec un accompagnement communautaire individuel et collectif, la possibilité de prescription de la Prep et une offre de dépistage dont le taux de dépistage positif supérieur à la moyenne.
Par leurs résultats, ces centres de santé et de médiation en santé sexuelle constituent une innovation déterminante pour la fin de l’épidémie de VIH.
Mais des obstacles politiques et moraux persistent, compliquant nos efforts de prévention et accès aux soins des personnes en particulier pour les personnes étrangères. Pour agir, il nous faut des moyens, de l’argent.
Les perspectives financières, publiques comme privées, sont défavorables et AIDES fait face à des baisses de financement : la non-compensation de la prime Ségur de la santé et une coupe budgétaire de 20 % de la DGS. Cela nous oblige à supprimer des postes.
Supprimer des postes malgré des efforts de réduction des charges fournis par l’ensemble des militants-es depuis trois ans.
L’Etat, le ministère de la santé se désengage de la lutte contre le sida et nous privent de ressources importantes alors que nous disposons de tout pour mettre fin à l’épidémie.
Les politiques de santé vont contre les intérêts des malades.
Nous, militants et militantes de AIDES, vivant avec le vih, nées à l’étranger, consommateurs.rices de produits psychoactifs, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes,
Nous contribuons à l’accès aux soins pour toutes et tous comme le faisait Jean François Rey
Nous sommes un acteur essentiel de la lutte contre le sida,
Nous sommes aussi un acteur essentiel de la santé en France.
Merci…