Mesdames, Messieurs, cher·e·s congressistes, cher·e·s ami·e·s,
Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue au 61ème Congrès National des Centres de Santé !
Cette année, le comité d’organisation du Congrès a choisi de l’intituler : « Enfin, la santé publique ! »
En France, qu’il s’agisse de la prévention primaire à la gestion d’une crise sanitaire, la plupart des moyens d’action en santé publique restent encore à développer et à coordonner. Que ce soit à l’échelle locale, régionale ou nationale, il faut donner des moyens à la santé publique afin de garantir la santé de chacune et de chacun et d’atteindre la meilleure efficience de notre système de santé. Promise par le candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017, nous constatons aujourd’hui que la « révolution de la prévention » n’a hélas pas eu lieu durant le précédent quinquennat.
L’ajout du terme « prévention » au titre du Ministère de la Santé augure-t-il cette fois d’un véritable plan dédié à la santé publique et d’une mise en œuvre d’actions concrètes durant cette nouvelle mandature ?
Monsieur le Ministre a annoncé les mesures en faveur de la prévention dans le cadre de la Loi de financement de la sécurité sociale, notamment les consultations de prévention. Cela ne constitue cependant pas encore un réel plan de santé publique.
Au fil du temps, la faiblesse des programmes nationaux de santé publique et le désengagement progressif de l’Etat dans le soutien aux acteurs de la prévention a des conséquences de plus en plus lourdes pour la population.
L’augmentation de la mortalité infantile de 7% entre 2012 et 2019, celle – encore accrue lors du premier confinement – de la sédentarité, du surpoids et de l’obésité, la prévalence toujours élevée du tabagisme et de certaines conduites à risque, la faiblesse des taux de dépistage organisé des cancers en sont quelques exemples parmi les plus évidents.
Le sous-investissement chronique dans les structures et les équipes de prévention a conduit à l’effondrement des effectifs d’infirmier·e·s et de médecins scolaires, des médecins de santé publique et à une saturation des centres de protection maternelle et infantile (PMI) et des centres de santé sexuelle (anciennement centres de planification et d’éducation familiale).
Il devient donc urgent de réunir tous les acteurs de la santé, professionnel·le·s, organisations et institutions, afin de construire ensemble un plan ambitieux pour la santé publique et d’inscrire pour ce faire un budget spécifique et suffisant à la Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2023.
Dans ce cadre, les organisations professionnel·le·s et les fédérations de gestionnaires des centres de santé souhaitent être reçues par Monsieur le Ministre de la Santé et de la Prévention et Madame la Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé afin de présenter leurs propositions de programme et d’actions en santé publique, notamment celles qui pourront être portées concrètement par les centres de santé.
Plus globalement, il est nécessaire de donner toute leur place au sein du système de santé aux centres de santé qui veulent développer des actions de prévention et de promotion de la santé auprès de la population.
Depuis toujours, l’Union Syndicale des Médecins de Centres de Santé (USMCS) prône la création d’un service public de santé en proximité permettant d’allier une offre de soins accessibles à tou·te·s, sans reste à charge pour les patient·e·s, et un dispositif territorial de santé publique.
Cela se fera en lien étroit avec les centres de PMI, les centres de santé sexuelle, les services de santé scolaire, la médecine du travail, les médecins inspecteurs·trices de santé publique et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Les centres de santé qui seront investis des missions du futur service public territorial de santé pourront ainsi constituer l’un des pivots du développement du futur programme de santé publique et des actions de terrain déployées auprès de tou·te·s les habitant·e·s.
Le service public territorial de santé porté notamment par les centres de santé permettra de résorber les déserts médicaux grâce à un maillage de centres de santé de proximité et augmentera l’attractivité globale de l’ensemble des professions de santé en ville et dans les territoires ruraux.
Les changements sociétaux et environnementaux que nous vivons depuis quelques années sont d’une intensité de plus en plus profonde et se multiplient avec un rythme qui accélère.
Comment des professionnel·le·s de la santé, soignant·e·s et administratifs, subissant parfois depuis des années, et cela bien avant la pandémie de Covid-19, le sous-effectif et les restrictions budgétaires, parviennent-elles·ils à faire tenir un système de santé « à bout de souffle » ?
A moyen terme, nous proposons donc de construire un véritable service public territorial de santé porté par les centres de santé, qui nécessite un puissant soutien des pouvoirs publics.
D’ores et déjà, au quotidien, dans de telles situations de stress au travail, il est aussi essentiel de préserver tous les lieux où les professionnel·le·s peuvent parler, écouter et être écouté et qui sont encore trop rares.
Les centres de santé sont l’une des réponses au besoin de soutien mutuel, de travail en équipe, de projet de santé souvent exprimé par les professionnel·le·s. Le salariat représente également une sécurité et une qualité de vie au travail de plus en plus recherchées par les soignants.
Pour la reconnaissance du travail de tous les salariés des centres de santé, l’USMCS et d’autres organisations de centres de santé demandent la transposition immédiate des revalorisations et primes dans le cadre des accords du Ségur de la Santé.
Malgré les interpellations multiples auprès des institutions depuis 2021 et les soutiens politiques, notamment celle de l’Association des Maires de France, cela n’est toujours pas le cas et cette injustice est intolérable.
Nous vous informerons donc des actions à venir dans les prochaines semaines pour porter cette demande essentielle pour l’attractivité des centres de santé.
Pour construire ensemble un système de santé plus juste, cette année encore, le Congrès National des Centres de Santé sera un temps privilégié pour débattre ensemble sur notre futur système de santé mais aussi pour échanger sur son quotidien, apprendre des expériences des un-e-s et des autres !
L’ensemble des membres du comité d’organisation, que je remercie chaleureusement pour leur contribution et leur implication, vous souhaite un très bon Congrès !